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dans les grandes circonstances. La forme en est toujours la même ; et par la manière dont ils recouvrent le corps, ces habits semblent bien peu propres à préserver du froid. Pas de chaussures, non plus, mais de simples geta : sortes de sandales de bois, uniques en leur genre, qui ont le seul avantage d’empêcher le pied de se couvrir de neige. Pour être précis, ces sortes de sandales que l’on porte en hiver et aussi en été, quand les rues sont boueuses, ne se nomment pas geta mais ashida ; elles sont de même forme que les geta, sauf qu’elles sont un peu plus hautes. À ce propos, des Japonais ont remarqué, eux-mêmes, un autre contraste entre les coutumes étrangères et celles de leur pays : quand il pleut ou quand il neige, disent-ils, les étrangers allongent leurs chaussures par en haut, tandis que les Japonais les allongent par en bas, faisant allusion aux longues bottes ou aux ashida que les uns ou les autres emploient en pareilles circonstances. Aux pieds, on porte aussi les tabi, petites chaussettes, qui ne montent qu’à la cheville, laissant la jambe nue. Il n’est pas rare, cependant, de rencontrer des personnes allant nu-pieds sur ces froides geta.

Parmi les hommes, ici, beaucoup portent la casquette étrangère, mais on en remarque encore un bon nombre qui n’ont que le traditionnel fichu. Quant aux femmes, elles n’ont pour chapeau que leur épaisse et luxuriante chevelure, même lorsqu’il neige à plein ciel. Parfois, tout de même, lorsqu’il fait pareille tempête, elles ont la tête gracieusement enveloppée d’un joli fichu qu’elles nomment assez improprement — du moins, si l’on en juge du point de vue étranger — un chapeau, en japonais bôshi. Ou bien elles portent un parapluie que