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PROPOS JAPONAIS

d’une chorale de bonzes, répétant continuellement, avec la même prostration, la même formule : Namu Amida butsu (Je vous adore, ô éternel Bouddha !).

À Tôkyô, il y a six églises, une université et plusieurs écoles catholiques. Parmi ces dernières, la plus remarquable est sans contredit le Gyôsei gakkô, l’école de l’Étoile du Matin, dirigée par les Frères Marianites. La solide instruction et l’éducation exceptionnelle qui se donnent dans cette école sont si bien reconnues partout, que, parmi les élèves qui la fréquentent, on compte un bon nombre de fils de noblesse. D’ailleurs, l’œuvre n’en est pas à ses premiers succès : de cette école sont sortis des personnages distingués qui occupent, aujourd’hui, des positions éminentes dans la société. Aussi, faut-il dire que cette école donne au catholicisme un prestige considérable à Tôkyô et même un peu par tout le Japon.

Grâces à Dieu, et à l’initiative d’un clergé très éclairé et plein de zèle, l’Église catholique gagne tous les jours en prestige au Japon et à Tôkyô surtout. Plusieurs, parmi les plus clairvoyants de la classe dirigeante, qu’avait d’abord séduits le protestantisme, commencent à s’apercevoir que celui-ci n’est qu’un leurre, qu’un tâtonneur de ténèbres ; qu’il n’a de consistance ni dans sa doctrine ni dans sa direction morale, que partant il n’est pas en demeure de mener à bonne fin l’éducation de l’individu, encore moins de la société. Bien plus, il semble qu’on est bien près de le dénoncer tel qu’il est, c’est-à-dire comme le destructeur de tout esprit d’autorité, le fomentateur d’idées subversives, la sentine de toutes les séditions et de toutes les révoltes. La religion catholique, au contraire, leur apparaît entre