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APERÇU SUR L’ÉGLISE ACTUELLE DU JAPON

La question de la subsistance est aussi satisfaisante. Par les produits de son travail, la communauté, d’ailleurs moins nombreuse que celle des Trappistes, parvient assez facilement à se sustenter. Sans doute aussi qu’une communauté de faibles femmes ne semble pas, aux yeux des soupçonneux Japonais, offrir autant de sujets de crainte qu’une communauté d’hommes. De fait, on est moins en butte aux tracasseries à Yunogawa qu’à Tôbetsu.

Nous quittâmes Hakodate le 9 au soir, et le lendemain matin nous étions à Sendai. Parmi les grandes villes du Japon, Sendai est peut-être celle qui garde le plus jalousement son caractère d’ancienneté. Rues étroites, petites maisons à demi-perdues au milieu des saules pleureurs, des sapins, des pins ou des plaqueminiers : cette ville semble décidément se montrer réfractaire à l’invasion du progrès moderne. Il faut faire exception, cependant, au point de vue intellectuel. Sendai est une ville d’étudiants ; elle en compte environ trente mille. Elle possède une grande université très florissante, avec un grand nombre d’écoles de toutes spécialités et de tous degrés. Or, tous ces établissements, surtout l’université, ont une installation tout à fait moderne.

Il y a à Sendai trois paroisses catholiques, dont l’une possède une grande église, pouvant contenir un nombre considérable de chrétiens. Il y a aussi un petit séminaire, qui a déjà fourni au diocèse trois ou quatre prêtres japonais. Enfin, les Sœurs de Saint Paul de Chartres y tiennent, comme à Hokodate et à d’autres endroits, une école supérieure de filles. Plus heureuses que leurs sœurs de Hakodate, les sœurs de Sendai — qui n’ont point, que je sache, essuyé la rude épreuve d’un incendie, — pos-