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APERÇU SUR L’ÉGLISE ACTUELLE DU JAPON

pieusement les moines, quand là-bas, la cloche du monastère a fait interrompre un instant le travail pour un moment de prière. Enfin, dans la montagne, au détour d’un joli sentier solitaire surplombant une vallée abrupte, une belle grotte de Lourdes qui, semble-t-il, avait jusque-là, toute prête, attendu l’arrivée des Trappistes en ces lieux.

Enfin, sur ce magnifique promontoire, c’est la vraie solitude des anciens moines, avec ses exercices réguliers de nuit et de jour, son travail consciencieux, sanctifié par la prière, son austère silence et ses pensées d’éternité !…

Les Trappistes sont là depuis vingt-cinq ans. Lorsque nous sommes passés chez eux, ils venaient de célébrer, tout juste une semaine auparavant, le vingt-cinquième anniversaire de leur fondation ; et les chrétiens de l’endroit avaient élevé à cette occasion un monument commémoratif. C’était bien justice. Durant ces vingt-cinq années, les pauvres Pères ont vu de rudes moments. Ils ne se sont établis, surtout ils ne se sont maintenus là, qu’au prix de mille difficultés et épreuves. Maintenant encore, la situation est loin d’être la meilleure. Les Japonais continuent à voir d’un fort mauvais œil ces étrangers, dans lesquels ils redoutent des antagonistes pour leur commerce et leur industrie. De là mille tracasseries, mille injustices, que les Pères ont dû subir, toujours sans mot dire, ne pouvant jamais espérer une honnête réparation.

La question du recrutement n’a pas non plus donné beaucoup de consolations. Plusieurs se sont présentés, il est vrai, plusieurs y ont passé même quelques années, mais, en moyenne, assez peu ont persévéré. Les causes de défection sont diverses, mais l’une des plus fréquentes