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mission. Vous qui priez dans des temples magnifiques, qui assistez à des rites imposants et à des cérémonies inoubliables, qui enfin coopérez au triomphe de Jésus-Hostie dans les âmes et dans la société, pensez aussi, je vous prie, à la divine tristesse de Jésus en plein paganisme.

Vous, mère chrétienne, qui au jour mille fois béni de la première communion de votre enfant, dans les transports d’une joie qui vous fait pleurer silencieusement, contemplez à travers vos larmes, votre cher petit, là-bas, à la sainte table, au milieu de cette phalange de communiants, toute enveloppée des faisceaux d’une lumière multicolore, que tamisent onctueusement les verrières de l’église ; vous qui, au moment où le prêtre, avec une visible émotion lui-même, met pour la première fois sur la langue du petit la blanche Hostie de l’autel et où l’enfant reçoit son Dieu avec une piété angélique, unissez votre cœur au sien et, disant à Dieu une fervente prière, ne craignez pas de lui consacrer votre enfant, pour qu’il en fasse son prêtre, ah ! je vous prie, pensez aussi, à cette heure, à la cruelle solitude de Jésus en pays infidèle et n’hésitez pas à demander que votre fils soit un jour missionnaire.

Et toi, petit enfant de chœur, à la chevelure bouclée moussant dans un surplis de fine dentelle, vêtu d’une longue soutane rouge comme un petit cardinal, soit que tu verses le vin dans le calice d’or, soit qu’en sonnant la clochette argentine tu prosternes tout un peuple à genoux, soit que tu balances le fumant encensoir et fasses monter vers le ciel des nuages embaumés, devenant ainsi comme l’interprète de la prière de tous, toi aussi, à ces moments solennels surtout, songe un peu à