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naire pour convertir les âmes, et que le plus que celui-ci puisse faire est de ne pas entraver le travail intime que sa divine grâce opère en elles.

Sans tarder, il entreprit la préparation immédiate au baptême. Cette fois la malade buvait, pour ainsi dire, ses paroles ; et sa foi, à mesure que le prêtre l’instruisait, grandissait visiblement. Cependant, comme elle n’était pas encore à l’extrémité, le Père crut bon de prolonger le plus possible la préparation, afin de l’affermir davantage dans ses saintes dispositions. Or un jour, pendant l’absence du Père, la malade eut une attaque très grave, et on crut qu’elle allait mourir. Alors le mari, que le Père avait prévenu de ce qu’il fallait faire en pareil cas, baptisa lui-même sa femme, qui ressentit subitement du mieux. Le mal cependant allait lentement continuer son œuvre ; mais toujours l’âme de la néophyte devait montrer une patience si angélique et une résignation si touchante qu’on peut dire sans hésiter qu’elle s’éleva réellement à la hauteur d’une sainteté héroïque. À partir de ce moment, elle reçut encore la Confirmation et l’Extrême-Onction ; plusieurs fois elle se purifia de nouveau par le sacrement de Pénitence et se nourrit presque chaque jour du Pain Eucharistique. Enfin, malgré son extrême souffrance, toujours radieuse et souriante jusqu’au bout, elle s’éteignit dans les sentiments de la plus tendre piété.

Dans l’espace de quatre mois environ elle avait parcouru la distance qui sépare les portes de l’enfer des portes du Ciel.