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séparé de tous les siens dans une position qu’il s’est créée à ses risques et périls, donnant le plus simplement du monde un exemple de véritable héroïsme.

La pratique de leurs devoirs religieux donne aussi à nos chrétiens l’occasion de prouver leur fidélité. Surtout pour l’observation du dimanche, la situation est très ennuyeuse en pays infidèle, où l’on ne connaît guère le repos dominical. Assez souvent, à cause de leurs rapports continuels avec les païens, nos chrétiens se voient presque forcés de travailler ce jour-là. Cependant, malgré tout, ils s’ingénient, par tous les moyens, à pratiquer fidèlement leur devoir et à le faire respecter des païens. Il y a tel d’entre eux, par exemple, qui, exposé peut-être plus que les autres à ce sujet, par son métier, trouve toujours un expédient pour ajourner habilement les affaires de ses clients, sans les rebuter, et qui, lorsqu’il s’est vu vraiment forcé de travailler, vient ensuite, pour se punir, remettre dans le tronc de l’église, l’argent qu’il a gagné ce jour-là. Un autre est cordonnier de son métier. Or, le dimanche et les jours de fête d’obligation, il suspend à la porte de son atelier une petite planchette, portant de chaque côté quatre caractères. D’un côté est écrit : Nechi yô kyû gyô, chômage dominical, de l’autre : Hon jitsu kyû gyô ; aujourd’hui chômage. Grâce à cet enseigne, il n’est jamais dérangé et peut accomplir paisiblement son devoir.

Enfin, une autre douce consolation pour le missionnaire, c’est la confiance filiale que placent en lui ses chrétiens, l’attachement sincère et profond qu’ils lui portent tous, adultes comme enfants.

Les adultes sont bien à leur aise avec lui. Ils viennent lui faire part de tout ce qui les concerne : de leurs joies,