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Enfin, pour beaucoup, il y a l’éloignement de l’église. De la sorte, il est bien impossible que tous nos chrétiens se réunissent dans l’endroit où se trouve le missionnaire. Il y en a même qui ne le voient qu’une fois l’année, tout juste pour faire leurs Pâques. Évidemment, cette longue privation de tout secours religieux ne peut produire qu’un effet désastreux sur leur âme et, ajoutée aux autres conditions de leur existence, elle contribue nécessairement à la diminution de leur foi et à la lassitude de leur constance.

Ces pauvres chrétiens sont donc moins à blâmer qu’à plaindre. Cependant, leur défection est toujours très sensible au cœur du missionnaire. Si petit déjà est le nombre de ceux qui forment son petit troupeau, qu’au moins, pense-t-il, ceux-là devraient rester fidèles ! Et ceci ajoute encore à sa tristesse !…

Mais, le missionnaire, dans son modeste poste, au milieu des quelques chrétiens pour lesquels il se dévoue tout entier, n’a pas que des tristesses il a aussi, Dieu merci ! des consolations, il a aussi des joies.

Parmi ces sujets de joie, il y a avant tout les exemples de courage que lui donnent parfois ses néophytes. Réellement, c’est bien souvent du véritable héroïsme. Témoin la conversion de cet excellent vieillard de Sapporo.

C’était vers 1870, à l’époque de la dernière persécution qui fut exercée contre les chrétiens en ce pays. À cette époque, il était encore un tout jeune homme. Or, un jour, dans une rue de Hakodate, où il se trouvait alors, il aperçut deux hommes enchaînés, qu’entraînait