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OBSTACLES À LA CONVERSION DU JAPON

et des promotions à de flamboyants titres honorifiques. Mais ensuite, avec non moins d’arrogance que d’adresse, ils se servent de ces écrits comme d’escabeaux pour s’exalter encore et mépriser les étrangers.

Ainsi, ils s’enlisent toujours davantage dans leur attachement à leurs préjugés nationaux et sont toujours prêts à se montrer hostiles à toute influence étrangère, quelle qu’elle soit, et principalement au catholicisme, qui heurte hardiment de front les religions du pays : le shintoïsme et le bouddhisme.

Le rôle des pasteurs protestants est également très funeste. Chez eux, on pourrait distinguer un double rôle : un rôle religieux et un rôle purement utilitaire.

Leur rôle religieux est bien singulier. Afin de trouver des adeptes, ils s’appliquent à copier l’Église catholique dans beaucoup de ses croyances et de ses pratiques. Eux, qui, par exemple, étaient autrefois iconoclastes, les voilà qui multiplient à profusion des images pieuses, images à peu près semblables à celles qui se répandent parmi les catholiques. Ensuite, ils sont fort conciliants au sujet des superstitions païennes de leurs néophytes, si bien que, pour ces derniers, la conversion ne consiste guère qu’à donner leur nom au pasteur, tout en gardant la faculté de continuer sans gêne leurs pratiques shintoïstes et bouddhisques. Bien plus, les ministres eux-mêmes n’hésitent pas à participer à certaines fêtes païennes, au nom, sans doute, de l’ancien principe luthérien : Cujus regio, hujus religio.

Les protestants ont encore un autre moyen « d’évangélisation » : c’est l’argent. Avec l’argent, ils ont vite fait de créer une position sûre à des infortunés, qui se sont ruinés dans de mauvaises affaires ; et Dieu