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PROPOS JAPONAIS

leurs vêtements et beaucoup d’articles domestiques. En été, ils demeurent aussi sur le bord des rivières, sous des huttes un peu différentes de celles des Guiliaks. En hiver, ils s’enfoncent dans la forêt pour la chasse et habitent sous des tentes de peaux, qu’ils transportent de-ci de-là, sur la piste du gibier. Au printemps, ils s’en vont vendre aux Russes les produits de leur chasse. Ils sont plus intelligents que les Guiliaks et parlent en général deux langues : la leur propre et puis la russe ; ils sont aussi plus habiles marchands.

Au point de vue religieux, les Orocks et les Tongouses appartiennent à l’Église grecque orthodoxe. Leurs voyages fréquents, pour vendre leurs fourrures, les ont mis en relations avec les popes russes, qui se sont empressés de les baptiser, mais sans les convaincre ni même les instruire.

M. Paul Labbé, qui a visité Saghalien, et qui a raconté son voyage dans un livre intitulé « Un bagne russe », a rapporté l’entrevue qu’il eut un jour avec un Tongouse. Il lui demandait s’il était chrétien : « Oui, dit l’indigène, le pope est venu me voir, il m’a mis de l’eau sur la tête et du sel dans la bouche ; ensuite il m’a donné un dieu ».

« Ce que le Tongouse appelait un dieu, c’était l’icône qu’il avait reçue.

— Qu’as-tu fait de ton dieu ?

— Je l’ai mis dans ma cabane. J’avais très peur qu’il ne se querellât avec mes dieux à moi, mais il a été très bon et est resté tranquille. Tu penses bien que je n’avais pas confiance ; somme toute, c’est le dieu des popes, c’est-à-dire, c’est le dieu des forçats.

— Les Tongouses, poursuit l’étranger, pensent qu’il