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japonais, l’action de reconduire ainsi quelqu’un se dit : miokuri, c’est-à-dire, l’action de voir et de conduire, ou mieux, d’accompagner, de suivre des yeux.

Les Japonais tiennent fort à honneur de ne pas manquer le miokuri. C’est un point de politesse qu’ils observent scrupuleusement. Les autorités du chemin de fer ont pensé combattre cette coutume, en imposant l’achat d’un billet spécial, à cause du danger auquel s’exposent ceux qui, en trop grand nombre, s’approchent du train prêt à partir. Mais rien n’y fait. Les gens paient le billet et entrent quand même à peu près aussi nombreux qu’auparavant ; de sorte que la compagnie a trouvé là un excellent moyen de faire de l’argent.

Voyons maintenant, près du train, ces divers groupes stationnant vis à vis d’une fenêtre de wagon, par laquelle ils regardent s’installer à l’intérieur ceux qui doivent bientôt les quitter. Ces personnes sont là pour parler une dernière fois à leurs connaissances et pour leur faire leurs adieux. Grands saluts, profondes inclinations, on ne voit que cela de tous côtés.

Cette solennelle manière de se saluer est la même à l’adieu qu’à l’abord. C’est d’ailleurs l’unique : au Japon, on ne se baise, ni on ne s’embrasse jamais, ni publiquement ni à la maison. Ces manifestations d’amitié ne se remarquent qu’entre les parents et leurs bébés.

Bientôt une sonnerie électrique, puis un coup de sifflet annoncent le départ du train qui, aussitôt, s’ébranle. De partout on entend les derniers : Sayônara ! au revoir, adieu ! Montons, nous aussi…

Voici, à l’avant du train, les wagons de troisième classe. Ils sont toujours encombrés à l’excès, ils regorgent de