Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
APERÇU GÉNÉRAL DU CATHOLICISME

C’était le 17 mars 1865, un vendredi. M. Petit Jean, un des missionnaires, — plus tard vicaire apostolique du Japon, — ayant remarqué devant l’église un groupe de personnes dont la curiosité lui paraissait significative, se rendit auprès d’elles, ouvrit l’église et y entra pour prier. Ces gens y pénétrèrent à sa suite. Au bout de quelques instants, une femme se détacha du groupe et, s’approchant du missionnaire, lui dit : « Notre cœur à nous tous qui sommes ici, est le même que le vôtre ». — « Vraiment, répondit le Père, mais d’où êtes-vous donc ? » — « Nous sommes tous d’Urakami. À Urakami, presque tous ont le même cœur que nous. Où est, ajouta aussitôt la femme, l’image de Marie : Santa Maria no go zô wa doko ? »

Ce seul nom de Marie suffit à M. Petit Jean pour lui faire reconnaître des chrétiens dans les personnes qui l’entouraient. Quant à ces chrétiens eux-mêmes, ils n’étaient pas encore tout à fait assurés sur la religion des missionnaires. Mais deux autres signes qu’ils remarquèrent les confirmèrent infailliblement. Ce furent la croyance de ces étrangers à la primauté du Saint-Siège et leur vie de célibat.

« Votre royaume et celui de Rome ont-ils le même cœur ? Est-ce le grand chef du royaume de Rome qui vous envoie ? » demandaient les notables de Shittsu. — « N’avez-vous point d’enfants ? » demandait un autre timidement. Et sur la réponse négative du prêtre à cette dernière question, il s’écriait : « Ils sont vierges ! merci, merci ! birgen de gozaru ! O arigatô, o arigatô ! »

Cette dernière question et cette joie extraordinaire accompagnant la réponse s’expliquent davantage, lorsqu’on sait que, quelque temps auparavant, des protes-