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blanc, muni de deux portes, ou, plus exactement, c’est un vrai temple en miniature. À l’intérieur, se trouve le tamashiro, marque des âmes, c’est-à-dire la tablette des ancêtres, sur laquelle est inscrit le nom du défunt, avec son âge et l’année de sa mort. Le nom du défunt est, en ce cas, précédé du mot mikoto. Ce mot, qui veut dire « personnage illustre, » est un titre honorifique par lequel on désigne surtout les divinités shintoïstes ; par exemple, le dieu qui se tient au centre du ciel se nomme Ame uo minaka nushio mikoto.

Ainsi l’âme du défunt est censée résider dans cette tablette des ancêtres. Cependant, cette croyance ne naît dans l’esprit de la famille qu’après une cérémonie que l’on appelle mitamautsushi, ou conduite de l’âme dans le tamashiro. Cette cérémonie, bien qu’elle soit distincte des rites funéraires, a lieu lorsque le corps du défunt est encore à la maison. Les prêtres shintoïstes y sont invités. On installe la maison des âmes près du cercueil, et on en ouvre les deux petites portes, pour inviter l’esprit du mort à y faire sa demeure. Par l’effet d’une prière que le président récite, d’abord devant le cercueil, puis devant la « maison des âmes », on prétend que l’âme communique mystérieusement à la tablette des ancêtres. Ensuite, on apporte des offrandes devant la maison des âmes : ce sont du riz, du sake, des gâteaux, des fruits, spécialement des oranges, enfin des fleurs et des rameaux de sakaki (cléyère du Japon), considéré comme un arbre sacré dans le shintoïsme. Désormais, chaque jour on renouvélera ces offrandes, c’est-à-dire, on rendra à l’esprit du mort des hommages dus aux Kami.

Il faut signaler encore, chez les shintoïstes, le soin qu’ils