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LE CULTE DES MORTS

Les shintoïstes aussi bien que les bouddhistes brûlent très souvent les corps de leurs défunts ; mais cet usage est emprunté au bouddhisme, qui l’a importé au Japon vers l’an 700. Cependant l’ancienne tradition de l’inhumation des corps n’a jamais été complètement abandonnée. En 1644, sur les réclamations d’un marchand de poisson, nommé Hachibei, on enterre l’empereur Go Kômei ; et le 18 juillet 1873, à l’époque où l’on voulait tout européaniser à outrance, on proscrivit totalement la crémation des corps, de peur de voir traiter le Japon de pays barbare. Mais au bout de vingt-deux mois (23 mai 1875) une nouvelle loi abrogea la première : on avait découvert que la crémation des corps, bien loin d’être anti-européenne, était même ouvertement prêchée par certains philosophes du clan de l’hérésie ou de l’impiété. Depuis lors, à peu près tous les cimetières, au moins ceux des villes, possèdent leur four crématoire, et à Tokyô seulement, il y en a neuf.

La manière de procéder dans la crémation des corps est fort simple : on brûle le cadavre avec son cercueil, qui est toujours en bois. Au bout de trois heures, tout est consumé. On recueille alors les cendres dans une urne et on les enterre ; quant aux dents que l’on retrouve au milieu des cendres, on les conserve et souvent on les envoie au grand temple de Kôyasan.

Les enterrements, soit bouddhistes, soit shintoïstes, coûtent toujours très cher à la famille du défunt. Surtout lorsque celle-ci a tant soit peu de fortune, les dépenses s’élèvent toujours jusqu’à 4 ou 500 yen. À plus forte raison, s’il s’agit d’un noble ou d’un prince. Pour les funérailles de l’impératrice douairière, en 1897, on a