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tout près est même la raison d’être de ces désordres indescriptibles.

Sous les arbres du parc on installe une foule de petites constructions ; ce sont : des magasins de provisions, des toits, sous lesquels on s’assoit pour manger et boire, et surtout des cabarets, où l’on vend le sake.

Ces endroits, on le devine, sont assiégés du matin au soir. La foule s’y succède et s’y enivre tour à tour, hommes, femmes, jeunes gens, vieillards, riches, pauvres : tous mangent et surtout boivent avec un excès sans nom. Ce sont de vraies bacchanales.

Mais le Hanami est aussi une occasion pour faire une visite au temple. Là, c’est très simple. On frappe dans ses mains deux ou trois fois pour attirer, pense-t-on, l’attention des esprits ; puis on accompagne cette cérémonie d’une inclination profonde avant et après, et la dévotion est finie.

En présence des divinités bouddhiques, c’est un peu différent. Sur le sommet du Maruyama, il existe un pèlerinage bouddhique. On y arrive par un petit sentier bordé jusqu’au haut de statues bouddhiques, dont le nombre atteint probablement une cinquantaine. Or les dévots, en gravissant péniblement ce sentier, qui est très escarpé, s’arrêtent à chacune de ces statues et y présentent leur offrande, qui consiste en un peu de riz, ou de sake. En faisant ainsi cette offrande aux dieux, on croit que ceux-ci prennent, pour leur part, l’esprit censé résider dans ces aliments et laissent la matière aux mortels. Ces derniers, après une sorte de prière larmoyante, s’empressent de reprendre leur offrande, comme s’ils la recevaient en présent de la part du dieu. Mais pour ce qui est du sake, faut-il croire que le fidèle laisse aux dieux