Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/143

Cette page a été validée par deux contributeurs.
123
DANS UNE BONZERIE

à réciter leur sempiternelle formule au son du tambour. Une fois bien installé, le prédicateur prit aussi son juzu et, le frottant entre ses mains comme les autres, se joignit quelques instants à leur prière. Enfin, il frappa sur une cloche, ou, si vous voulez, sur une petite marmite de bronze, qui se trouvait près de lui. C’était le signal du sermon.

En réalité, ce ne fut ni un sermon, ni un discours, ni une conférence ; à part le ton, ce ne fut pas même une conversation honnête et convenable.

La diction, il est vrai, était parfaite ; le ton ainsi que le geste, tout à fait naturels, toujours sobres, souples, précis et sûrs. Rien de calculé, rien d’étudié, rien de factice dans l’expression ; et le débit donnait aux pensées un complément achevé.

Mais dans les pensées de l’orateur rien de solide, rien de doctrinal, rien de pratique. Il a parlé d’une foule de choses banales, sans qu’on pût voir le moindre lien entre elles : Un vrai coq-à-l’âne, quoi ! Et ce qu’il y avait de plus déplorable, c’est qu’il s’appliquait à faire rire ses auditeurs, par des comparaisons vulgaires, triviales même. Ainsi, sans doute, il croyait susciter l’intérêt qu’il ne paraissait pas pouvoir provoquer autrement. Comme il s’est aperçu que nous étions là, il a parlé des étrangers. C’était à propos de l’éducation des enfants, au sujet de laquelle, il a péroré quelque temps. Il a dit qu’il y avait un pays, en Europe, où l’on ne s’occupait de l’éducation des enfants que jusqu’à l’âge de douze ans, et où, ensuite, on les abandonnait à eux-mêmes, de sorte que, si ces enfants voulaient ensuite poursuivre un cours d’études, ils étaient forcés de gagner eux-mêmes l’argent nécessaire à cette fin. « Au Japon, ajouta-t-il,