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DANS UNE BONZERIE


Il y a quelque temps, je suis allé dans une bonzerie japonaise. C’était la première fois. Depuis longtemps je désirais y aller ; mais l’occasion me manquait, ou plutôt, je manquais l’occasion. Enfin, elle se présenta de nouveau ; j’en profitai. On annonçait une conférence d’un bonze assez célèbre dans le monde bouddhiste, et le jour fixé était celui auquel on célébrait la fête des prémices du riz.

Nous nous rendîmes donc, le R. P. Calixte et moi, à celui des nombreux temples de la ville qu’on nous avait indiqué. Dès que nous fûmes passés sous le grand arc, appelé sammon, ornant majestueusement la porte par laquelle on pénètre dans l’enclos du temple, nous fûmes accueillis par des voix d’enfants qui, avec un accent de surprise, où se trahissait la joie secrète du propagandiste flatté de se voir achalandé, se disaient les uns aux autres : Ara ! seiyôjin sama mo kita. Tiens ! jusqu’aux messieurs étrangers qui sont venus ! Ces enfants étaient, ou bien les propres fils des bonzes, ou bien ceux qu’ils recueillent et gardent chez eux, pour les former à leur métier, en les instruisant d’abord des éléments de la langue et ensuite de la doctrine confucianiste et bouddhique.

Bientôt nous fûmes au temple. Après avoir enlevé nos chaussures, comme c’est de rigueur au Japon, et les avoir confiées, pour ne pas nous les faire voler, à un