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FÊTE SHINTOISTE

chars magnifiques, tout couverts de dessins sculptés, de dorures et d’ornements de toutes sortes. Ils portent à leur sommet des représentations grotesques qui n’ont, paraît-il, aucun sens religieux ni historique, et à l’avant sont installés des gens, dont les uns frappent du tambour pendant que d’autres dansent.

Ce qu’il y a de remarquable encore, ce sont les kânnushi, revêtus de leurs plus beaux habits, décorés de leurs grands colliers superstitieux et tenant en main leur célèbre shakujô, sorte de longue canne de fer, au haut de laquelle sont attachés des anneaux de métal, et qu’ils frappent en cadence contre terre à chaque pas qu’ils font.

Tous ceux qui prennent part à la procession portent aussi des vêtements d’un grand prix et d’une rare beauté. Les couleurs en sont vives et chatoyantes, et, comme le costume japonais prête au port la plus noble distinction, le spectacle est des plus ravissants. Prendre part à cette procession est un grand honneur aux yeux de ces païens, un honneur même qui ne s’obtient qu’à prix d’argent.

La musique de la procession est plutôt rudimentaire : deux instruments seulement, la flûte et le tambour. Jamais en cette fête, on ne fait entendre le son d’autres instruments, C’est une tradition sacrée, semble-t-il, à laquelle on reste pieusement attaché.

Le principal attrait de la fête, si paradoxal soit-il de le dire, est celui des divertissements publics qu’on y donne avec fracas, durant ces trois jours. Il y a des spectacles payants et des spectacles gratuits.