Page:Cloutier - Propos japonais.pdf/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
PROPOS JAPONAIS

enluminures, combiné actuellement avec celui des lampes électriques renfermées à l’intérieur, produit un effet des plus merveilleux.

Or, durant la fête d’Asahigawa, toutes les rues de la cité étaient partout garnies de ces lanternes, disposées en forme de guirlandes voûtées au-dessus de la rue. De loin, on eût dit des fleuves de lumière. C’était réellement splendide.

Ce décor a encore un mérite de plus : il est le fruit des seules initiatives privées, l’autorité municipale ne se chargeant pas encore elle-même, en cette ville, de ces sortes d’entreprises. On se concerte entre voisins, et, grâce à une souscription commune, on réquisitionne des hommes du métier qui, largement payés, déploient volontiers les ressources de leur talent. Il ne faut pas croire cependant que le zèle décoratif du Japonais shintoïste moderne soit uniquement inspiré par la piété religieuse. Celle-ci est souvent moins un motif qu’un moyen facile et opportun. Le véritable motif n’est autre que l’intérêt personnel. Ces décorations ne sont, pour la plupart, autre chose que des annonces et de la réclame. Elles portent même, en caractères très lisibles, les noms des gros bourgeois, soucieux de clientèle et avides de gain, qui en ont assumé la forte dépense. Que voulez-vous ? Le shintoïsme, plus encore que le bouddhisme, est une religion vide et sans âme. Aussi, il faut voir combien est insignifiante la partie religieuse de la fête.

Elle ne compte guère que deux cérémonies principales : le transport des dieux dans la cité et une procession par les rues.