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cisme, et, en conséquence, il veut rajeunir le vieux shintoïsme.

À côté de l’intérêt religieux, l’intérêt politique devait entrer naturellement en ligne de compte. La paix, l’ordre et la prospérité d’un peuple dépendent en grande partie de l’unité et de la puissance de son gouvernement. Or, depuis la restauration de 1868, le Japon qui, jusque-là, était en proie aux querelles et aux ambitieuses rivalités des grands feudataires, a réalisé enfin, grâce au talent éclairé et au bras vigoureux du dernier empereur défunt, cette merveilleuse unité de gouvernement, qui a effectivement poussé la nation tout entière sur la voie de la civilisation et du progrès matériel.

Toutefois, là même, on signale un danger pour le prestige impérial. Totalement absorbés par des affaires florissantes, passionnément entraînés par l’appât des richesses et exaltés par l’élévation soudaine de leur fortune, plusieurs dirigeants ne manifestent plus guère qu’une froide et sceptique indifférence pour les croyances ancestrales. À plus forte raison encore, ceux qui sont allés s’enrichir à l’étranger et qui ont été témoins des bouleversements politiques et des révolutions, professent-ils plus sincèrement de semblables idées d’indépendance et d’ambition.

Raffermir le prestige impérial aux yeux de ce peuple prêt à s’émanciper, par l’établissement d’un culte national, serait, pense-t-on, faire preuve d’une grande sagesse politique.

Enfin, croit-on, l’intérêt social serait également en jeu dans cette question. Et c’est juste, puisque l’intérêt politique et l’intérêt social sont si connexes qu’on pourrait les dire inséparables. D’ailleurs l’un et l’autre actuel-