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HIROSHIMA


C’est le nom d’un village du Hokkaido, non loin de Sapporo, à cinq lieues de distance seulement. Il y a aussi au sud du Japon une grande ville du même nom, très ancienne et très populeuse. Pourquoi a-t-on donné à cette ville, qui n’est après tout qu’un port de mer, en terre ferme, ce nom qui veut dire : grande île ? Pourquoi a-t-on fait de même pour le village du Hokkaido, que l’on trouve dans une vaste plaine ? Je n’en sais rien ; mais ces questions sont oiseuses ; passons et parlons plutôt du petit village.

Je suis allé là, l’été dernier, avec trois de nos chers petits séminaristes, qui aiment bien, eux aussi, les longues promenades à pied. Nous sommes partis très tôt le matin. L’aurore montrait non pas encore des doigts de rose, mais plutôt des doigts de nacre : elle commençait à peine à inspecter l’horizon, en projetant discrètement ses clartés blanchissantes, et illuminait peu à peu, de teintes infiniment douces et riantes, les demi-ténèbres qui prêtaient encore à toutes choses des formes fantastiques.

Nous traversâmes rapidement les rues désertes et silencieuses de la ville endormie, et, une demi-heure après, nous étions dans la campagne. Après avoir franchi la rivière Toyohira qui, par le demi cercle qu’elle dessine, endigue le débordement des maisons de ce côté-là, nous débouchâmes sur une route toute droite et si