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LE CONTRASTE JAPONAIS


Entre les mœurs du Japon et celles des autres pays d’Europe et d’Amérique, il existe un contraste ni plus ni moins que renversant. À peine l’étranger a-t-il mis le pied sur cette terre nouvelle pour lui, qu’il est sous l’empire d’un étonnement indescriptible. À son point de vue, tout lui paraît et tout se fait à l’envers. C’est à chaque instant, quelque chose d’inouï qu’il remarque et qu’il apprend, à mesure qu’il se mêle à la vie publique et, à plus forte raison, lorsqu’il prend contact avec la vie privée.

La vie publique, avec son spectacle si singulier, lui cause une surprise qu’on ne peut s’imaginer. En descendant du bateau, ses yeux cherchent en vain de ces voitures publiques telles qu’il en a vues en son pays. À leur place, il aperçoit une foule de kuruma ou pousse-pousse, sortes de petites voitures très légères, traînées par un homme, et sur lesquelles on ne peut monter d’ordinaire qu’un seul à la fois. Mais c’est surtout cet homme cheval qui l’étonne : « Que c’est pitié ! » pense-t-il, de voir ainsi un homme en tirer un autre ! »

Cependant voici la rue, avec son brouhaha et le va-et-vient des gens qui la couvrent. Quel spectacle ! Pas de trottoirs ! Tout le monde dans la rue, s’y