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grandeurs et misères d’une victoire

CRISE D’EFFECTIFS BRITANNIQUES CHAPITRE V Au plus fort de la crise d’effectifs qui se fit si cruellement sentir dans les dernières semaines de la guerre, l’armée française, après le Chemin des Dames (perte de 160 000 hommes), était particulièrement éprouvée. D’autant plus que Foch, renonçant enfin à attendre l’Allemand dans les Flandres, se décida à le harasser. Nos pertes étaient infiniment plus graves que celles des An- glais qui avaient encore des réserves énormes sur leur territóire et qui, au lieu d’en faire usage, avaient trouvé plus simple de diminuer leurs combattants quand il aurait fallu les accroître à tout prix. Le chef de l’État attendait, pour un suprême effort, que la situation fût « désespérée ». Les An- glais, dans le désarroi d’un échec qui venait de leur coûter 200 000 hommes[1], avaient pris l’inatten- due résolution de supprimer 9 divisions (qu’ils pouvaient remettre sur pied) et se refusaient à revenir sur une décision si injustifiable. Mais je ne pouvais me résigner à compromettre l’issue de ces

  1. Mars 1918.