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l’emploi des contingents américains

nication au président Wilson de la déclaration du général Foch. Prière, donc, de communiquer, tant au nom du gouvernement français que du gouvernement britannique. »

Le 8 mai 1918, j’envoie le télégramme suivant à M. Tardieu, Haut Commissaire de la République française à New York : « La question est de la plus haute gravité pour l’issue de la guerre par l’intervention décisive des troupes américaines qu’il ne faut à aucun prix exposer à une aventure comme celle de la Ve armée britannique sous les ordres du général Gough[1]. La question est d’une telle importance que j’ai la pensée d’envoyer sans aucun bruit, sous couleur d’une inspection de nos troupes d’instruction en Amérique, l’un de nos meilleurs généraux pour exposer, du point de vue purement technique, les éléments du problème au président Wilson ».

J’ajoutais :

« On m’a fait remarquer très justement que les arguments du général Pershing se trouvent être tous d’ordre politique, tandis que ceux du général Foch, auxquels il n’a pas été répondu, sont d’ordre exclusivement militaire. Je crois que nous devons nous garder d’intervenir avec trop d’insistance auprès du président Wilson, qui a certainement toute la maturité de jugement nécessaire pour prononcer utilement, lorsque tous les aspects du problème lui seront connus.

  1. Très grave question, qui n’est ici qu’indiquée. Pour le début de l’armée américaine, il fallait absolument éviter un échec. Importante raison pour associer les vieilles et les jeunes troupes sur le champ de bataille. J’encourais une lourde responsabilité si quelque manœuvre, mal comprise ou mal exécutée, avait de fâcheuses conséquences.