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l’emploi des contingents américains

« Il est nécessaire, en effet, de bien comprendre que le caractère de la dernière offensive ennemie est d’avoir amené des pertes d’infanterie et de mitrailleurs hors de toute comparaison avec les pertes de la guerre, telle qu’elle s’est développée dans les trois dernières années. Les pertes d’infanterie de l’armée britannique ont dépassé, dans des proportions imprévues, toutes celles qu’elle avait subies précédemment. Il en a été de même des Français dans la proportion où ils ont participé à la bataille, et, dans les semaines qui vont suivre, il est inévitable que les pertes en infanterie aillent en s’aggravant. Ce sont donc, avant tout, des troupes d’infanterie et des mitrailleurs qu’il faut récupérer sans perdre un instant, d’autant plus que les ressources des dépôts allemands en infanterie et mitrailleurs sont estimés à 5 ou 600 000 hommes, tandis que les dépôts britanniques sont à peu près vides et que les dépôts français resteront sans ressources jusqu’au mois d’août prochain.

« Je demande de la façon la plus catégorique au Comité supérieur de guerre, composé des gouvernements alliés, de se prononcer sur cette demande, et de vouloir bien la soumettre à M. le président des États-Unis.

« Ce n’est pas que je ne tienne compte des observations de M. le général Pershing, qui désire, justement, amener le plus tôt possible, en France, l’ensemble des services complémentaires qui lui permettront d’achever, à bref délai, la constitution de la grande armée américaine dont il est le chef et que nous appelons de tous nos vœux. Mais en constatant que ma demande ne peut causer qu’un délai d’un petit nombre