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grandeurs et misères d’une victoire

expose la situation, qui n’est pas brillante : les Allemands avancent, nous n’avons que « de la poussière » à leur opposer. Se plaint que depuis le début de l’attaque il n’a vu aucun grand chef.

« Le soir, nous couchons à Provins, Q. G. du général Pétain. Il se plaint que Foch ait envoyé les réserves dans le Nord et sur la Somme. Il s’y est opposé. Il envoie des divisions pour boucher le trou, mais sont mal employées. L’artillerie fait défaut.

« Le lendemain, 29 mai, allons à Fère-en-Tardenois, où nous arrivons en même temps que les Allemands. Nous leur échappons. Puis à Fresnes, P. C. du général Degoutte. Son rôle dans l’action : il nous parle de divisions jetées successivement dans la bataille, sans artillerie. Spectacle tragique du général anxieusement penché sur un lambeau de carte, tandis que des motocyclistes, de minute en minute, se succèdent pour venir annoncer l’approche de l’ennemi. Je le quittai, n’espérant plus le revoir. C’est pour moi un des plus poignants souvenirs de cette guerre.

« Déjeuner à Oulchy-le-Château, chez le général Duchesne, pour le réconforter et tâcher d’obtenir des renseignements précis sur la bataille.

« Visite au général Maud’huy à Longpont. Ses impressions — sa colère contre Duchesne. Ensuite, Ambreny, Q. G. du général Chrétien.

« On rentre à Paris. Situation confuse.

« Affolement à la Chambre.

« 30 mai. — Visites à Trilport (P. C. du général Duchesne), à Coupru (P. C. du général Degoutte), à Longpont (général de Maud’huy).