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grandeurs et misères d’une victoire

L’évaluation, faite l’année précédente, avait fixé le coût des dommages à réparer, pour la France seule, à 136 milliards de marks or. A supposer même ce chiffre trop élevé, MM. Briand et Loucheur, dans leurs discours des 5 et 8 février 1921, donnaient celui de 110 milliards de marks or. Par le jeu des moratoires, des réductions d’intérêt, la somme prévue était, en janvier 1922, si nettement diminuée, qu’à cette date le président du Reichstag pouvait proclamer qu’en deux ans l’Allemagne avait fait réduire de 40 pour 100 les obligations financières que lui imposait le Traité de Versailles[1].

Et ce n’était pas tout. La Commission des réparations avait établi un état de paiement. On ne le considéra pas comme intangible. Je lis dans une dépêche de M. Poincaré à M. de Saint-Aulaire, ambassadeur à Londres (20 juin 1923) : « La dette allemande a été fixée d’une manière définitive pour l’ensemble des Alliés au 1er mai 1921, comme le voulait le Traité. Nous n’y pouvons rien changer. Il n’en est pas de même de l’état de paiement, c’est-à-dire des échelonnements indiqués par la Commission des réparations pour le paiement de la dette allemande ; là des modalités peuvent être admises par la Commission des réparations pour ajourner certains paiements… »

Par conséquent, de 136 ou de 110 milliards de marks or, la somme que nous étions en droit d’attendre de l’Allemagne était, grâce à M. Briand, auteur responsable des décisions de Londres, tombée à 68 milliards, et, grâce au même M. Briand,

  1. A. Tardieu, L’Echo National, 12 novembre 1922.