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grandeurs et misères d’une victoire

à reculer. Le maréchal French, à ce moment, prépare son repli à l’ouest d’Ypres. Le général Foch parvient à lui faire abandonner ce projet — acte capital qui décida du succès. Les Alliés contre-attaquent et arrêtent les Allemands.

« Du 1er au 6 novembre, la bataille fait rage sur tout le front ; mais malgré les efforts surhumains des Allemands, ils n’arrivent pas à percer. On continue à se battre ; toutefois on peut dire que le 15 novembre la grande bataille de l’Yser est terminée. Les Allemands n’ont pu passer et atteindre la mer — leur objectif. Leurs pertes sont énormes. La garde est décimée, et plus de 250 000 hommes à terre. Du côté des Alliés elles sont aussi considérables. De part et d’autre on est épuisé, mais on s’organise.

« Cette immense bataille de l’Yser était la conclusion de « la course à la mer ». Les Allemands, après avoir essayé sans succès de tourner la gauche des Alliés, avaient ensuite entrepris cette marche nach Calais qui pouvait, en effet, au point de vue stratégique, leur procurer des résultats considérables. Le 15 novembre 1914, ils sont obligés d’y renoncer. Cette bataille d’Ypres, si elle ne fut pas une victoire des Alliés, trop décimés pour l’exploiter, fut, bel et bien, pour les Allemands, une défaite caractérisée.

« Le succès était nettement dû au général Foch qui, sans titre officiel, avait su imposer sa volonté aux Alliés, dans la conduite des opérations, par son énergie, sa ténacité, son inaltérable confiance. En résumé, c’est lui qui, de tous points, dirigea la gigantesque bataille de