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au soir de la pensée

à cette déclaration : « Nous sommes obligés de conclure qu’une particule n’a pas soudainement acquis cette énergie motrice, mais qu’elle se trouvait initialement en activité rapide dans l’atome et fut soudainement libérée avec la vitesse qu’elle possédait au préalable dans son orbite ». On vient de lire la même conclusion de Rutherford. Un grand point d’interrogation. Oscillations grandioses du connu à l’inconnu dans les tempêtes de l’inexprimable infini. Pour nous faire prendre patience, on nous dit que « lorsque la série des transformations est achevée, il restera probablement un produit ou des produits qui seront inactifs ou actifs pour une minute seulement. » Ceci en vue d’interpréter l’apparition du mystérieux hélium comme ultimité provisoire de la transformation radio-active. Borne temporaire d’un mot pour le repos de notre insuffisance.

Les chapitres de Rutherford sur l’origine du radium, qui ne serait, bien entendu, qu’une figure d’antérieures transformations, font office de nouvelles percées dans les taillis de notre entendement. Il suffirait, nous dit-il, d’abandonner une masse de radium à elle-même pendant quelques milliers d’années pour qu’elle perdît une importante proportion de sa radio-activité. Dépense simultanée de matière et d’énergie sont-elles de parfaite correspondance, ou les trouverions-nous disproportionnées pour le désarroi de notre compréhension ? Ne nous détournons d’aucun problème. Quelques-uns des rapports de l’uranium, du radium, du thorium, de l’actinium, du niton, de l’hélium, en des dérivations successives sont à peine entrevus. J’aime à croire que nous saurions les éclairer d’une lumière définitive si une durée convenable d’éternité nous était seulement impartie.

Déjà nous sommes avertis que « le maintien de la chaleur du soleil pour une longue durée ne présente aucune difficulté fondamentale si l’on admet que la procédure de désintégration telle qu’elle se découvre dans les éléments radioactifs, se produit dans le soleil. » « Il est en somme probable, calcule lord Kelvin, que le soleil n’éclaire pas la terre depuis cent millions d’années seulement. Il y a presque certitude pour cinq cents millions d’années. »

Si selon l’hypothèse de M. Jean Perrin la nébuleuse présolaire a été faite d’hydrogène, « par gramme d’hydrogène cela donne, rien que par condensation en hélium, de quoi alimenter le rayonnement solaire pendant cent milliards d’années… » « Cela rend