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l’atome

sion avec les molécules de gaz qui se trouvent sur son chemin. Le mode d’ionisation varie avec la vitesse, mais il n’est pas douteux que chaque projectile donne naissance à plusieurs milliers d’ions sur sa route avant que soit détruite l’énergie de son mouvement. »

J’entr’ouvre la porte de l’antre sans oser m’aventurer plus loin. Je m’en tiendrai seulement à cette vue finale du même savant : « La majeure partie du rayonnement radio-actif consiste en un courant de particules chargées, émises à une grande vitesse. Il paraît très improbable que les particules puissent soudainement acquérir cette énorme vitesse d’une projection résultant d’une activité interne ou externe de l’atome… Il semble donc probable que ces particules ne sont pas mises tout à coup en mouvement, mais qu’elles s’échappent d’un système atomique où elles étaient déjà engagées en des oscillations rapides ou dans un parcours d’orbite. »

« Émanation, » transformation, désintégration reconnues et réintégration pressentie doivent fatalement nous conduire à des reprises d’infini où l’hypothèse aura toute carrière. Il faut bien que je m’impose un point d’arrêt. Étudiés par Rutherford les processus évolutifs de radio-activité, dans la succession des corps où ils se manifestent, montrent des transformations d’énergie en direction d’une synthèse unitaire entrevue. Le point capital est, cependant, de constater que la nature matérielle de certains rayons est dès à présent établie, et que les mouvements de radio-activité entre les éléments que nous avons tenus jusqu’ici pour différenciés, annoncent des successions de phénomènes évolutifs où des corps simples nous présentent un nombre varié de sosies, tandis que la désagrégation atomique nous mène à de nouveaux produits d’une simplicité provisoire, annonciatrice de nouvelles dissociations sur lesquelles il ne convient pas d’anticiper. À des degrés divers, selon le point d’évolution, tous les corps sont ou ont été probablement radio-actifs, à une heure déterminée, et la radio-activité s’accompagnant de chaleur, les problèmes prennent, dans le champ des vibrations universelles, des développements où la timidité de nos audaces ne peut que s’effarer.

Rutherford, J.-J. Thomson, avec bien d’autres, ont cherché des « explications » de la radio-activité sans arriver à se satisfaire, et ce dernier — savant de premier ordre — en est réduit