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DÉMOSTHÈNE

une entreprise d’une autre envergure. Il faudrait ici un homme, — l’homme seul d’Ibsen, — pour la réaliser. Mais cela ne suffirait pas encore. Démosthène déterminera le but, calculera les moyens :

Vous n’avez jamais pu tirer parti de vos avantages… Apprenez-vous que Philippe est dans la Chersonèse ? Décret pour la Chersonèse. Qu’il est aux Thermopyles ? Décret pour les Thermopyles… Vous courez à sa suite, n’arrêtant vous-mêmes aucune mesure militaire importante, ne prévoyant rien, attendant la nouvelle du désastre d’hier ou d’aujourd’hui.

Et encore :

Le plus terrible ennemi qui menace Athènes ce n’est pas le roi de Macédoine, mais votre mollesse, Si Philippe mourait aujourd’hui, elle vous ferait un autre Philippe demain.

Hélas les temps étaient passés de la prééminence d’Athènes refoulant le grand roi en d’indicibles journées. La Ville en était venue à recruter des mercenaires. Avant la bataille, le parti oligarchique, dont Phocion était l’âme, regardait la victoire de la Macédoine comme un fait accompli, et ne songeait qu’à se concilier le vainqueur. Démosthène et sa « démocratie » défendaient ce qui restait de l’Hellade. Seulement, Démosthène poursuivait sa bataille, et le démos flottait de la gloire à la honte, incertain du profit. Quand un peuple s’aban-