Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
DÉMOSTHÈNE

lippe et Alexandre, vers des conquêtes sans fin qui devaient la condamner, ainsi que la Grèce, elle-même, aux dissociations asiatiques d’une décadence achevée. C’est qu’il ne s’agit pas seulement de servir la patrie sur le champ de bataille. Le Grec et le Romain furent combatifs autant que peuple au monde, pour aboutir, en fin de compte, aux mêmes insuccès. Le problème plus difficile à résoudre est de se montrer capable de vivre méthodiquement — ingratement même parfois — un ordre de paix fait de contraintes, spontanées ou acquises, pour un développement social au profit de tous et de chacun. Un organisme social à faire fonctionner en vue de développements proportionnés à la valeur moyenne de l’apport des individus. Sur ce point, en des formes diverses, la Grèce et Rome ont déplorablement failli. Quel sort nous fera l’avenir ? Il y aura des jours pour l’espoir. Efforçons-nous de les prolonger. Il faudra des hommes, sans doute ; il faudra des peuples aussi. L’Hellade a produit le plus merveilleux assemblage de hautes personnalités humaines. La cohérence nationale qui pouvait assurer leur plein rendement fit défaut. Une grande leçon trop longtemps méconnue !