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DÉMOSTHÈNE

découvertes de Copernic, de Galilée, de Newton, de Pasteur. Que bien, que mal, Athènes voulait suivre Démosthène. En un jour d’enthousiasme, la foule de la Pnyx pouvait accepter les risques d’une dangereuse partie. Mais des continuités de vues et des résolutions durables, voilà ce qu’il était chanceux d’attendre de la légèreté proverbiale du peuple athénien. C’est une autre chose de parler la liberté, l’indépendance, la patrie même, ou de réaliser la discipline intérieure, souvent sévère, que commande le service désintéressé des nobles causes plus faciles à clamer qu’à réaliser dans la vie.

Il n’est pas besoin de remonter jusqu’à Athènes pour saisir sur le vif l’opposition des deux états d’activité humaine. Des vibrantes sonorités de la parole aux âpres labeurs de l’action disciplinée, la marge est ample à parcourir. Combien de beaux élans se sont trouvés courts en chemin ! Sous la dure loi de Rome, la Grèce pillée, pressurée, dévastée eut à subir le brigandage méthodique d’une soldatesque sans frein, en attendant la pieuse dévastation des chrétiens. La ruine de l’idéalisme athénien était définitivement consommée. Il restait la misère de la chute profonde. pour avoir proclamé, avant l’épreuve des ailes, l’ambition d’atteindre au plus haut de la pensée.

A Démosthène échut la gloire d’avoir senti,