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DÉMOSTHÈNE

la Thrace même, sans que l’Attique, toute à ses querelles intestines, se sentit menacée. L’heure était proche, cependant, où la plus redoutable crise de la plus belle histoire allait mettre en présence la basse brutalité du fer et le plus haut essor de la pensée. Aussi sûrement qu’un jour fera la victoire de l’intelligence, aurait-on pu prédire que cet accès de violence morbide verrait d’abord succomber l’espérance hâtive d’une fragile réalisation de grandeur. La Grèce, prodigue d’elle-même, osa dresser un homme contre le sort inévitable. Ce pouvait être la victoire. Ce fut la défaite du plus beau peuple de l’histoire, par insuffisance de volonté.

Athènes, alors, ardent foyer de lumières, tenait le monde ébloui de l’éclat de sa pensée. De l’Ionis à la Grande Grèce, au travers des rencontres de l’Europe et de l’Asie, par les étapes de la mer Égée, l’Hellade de tous les idéalismes annonçait, agissait, enseignait, vivait les plus nobles heures de la plus haute vie qui jamais eût été. Des antiques méditations de l’Inde sur l’homme et sur le monde (Véda, Védanta, Çamkya, Bouddhisme), une grande coulée de traditions intellectuelles s’était