Page:Clemenceau-Demosthene-1926.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
DÉMOSTHÈNE

digne de son père et de l’empire qu’il doit, un jour, gouverner.

Cette pièce ne me paraît rien de moins qu’un chef-d’œuvre de diplomatie. On ne peut soupçonner Philippe d’avoir apprécié l’enseignement du Stagirite, dont les leçons, avec un tel élève, devaient être sitôt perdues. Mais proclamer le gouvernement macédonien de « l’Empire », pour en faire hommage à l’hellénisme lui-même dans la personne du prince des philosophes, voilà de ces coups de maître qui gagnent les cœurs plus vite et plus sûrement qu’une action militaire. On sait ce qu’il en est advenu.

L’installation des colonies grecques dans l’Asie Mineure avait depuis longtemps marqué le recul de l’Orient, quand l’entreprise d’asiatiser l’Hellade amena Darius, Xerxès, suivis d’innombrables soldats, aux paniques de Marathon et de Salamine, pour finir à la défaite de Platée. Le Macédonien, sauvage, avec ses perfidies de pseudo-civilisé, « se trouvait prêt pour un retour de conquête, qui ne pouvait se dresser contre l’Asie qu’après la soumission de la Grèce, sans autre vue, d’ailleurs, que le propos ingénu de prendre et de garder. Irréparablement déchirée de ses propres mains, l’Hellade alors n’avait pas d’autre boulevard que « l’Athénien vainqueur du Mède », et, dans Athènes,