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la défensive.

Cependant pour se promettre ici quelque succès, il faut de deux choses l’une : ou posséder une supériorité numérique considérable, ce qui n’est généralement pas le cas de la défense, ou adopter le système et avoir le talent de concentrer promptement ses forces et de compenser ainsi l’infériorité du nombre par l’activité et la rapidité des mouvements.

La guerre de Sept Ans fournit une quantité d’exemples à ce sujet. Nous y voyons Frédéric le Grand employer constamment la seconde de ces méthodes, tandis que Daun, toujours numériquement supérieur, n’ose attaquer son adversaire que lorsque la témérité et l’audace dédaigneuse de celui-ci l’y invitent particulièrement, comme par exemple à Hochkirch, à Maxen et à Landshut. L’extrême activité du Roi et ses mouvements continuels lui permirent fréquemment de se jeter sur l’un ou sur l’autre des corps de Daun avec le gros de son armée. Les résultats de ces contre-attaques ne furent cependant nulle part très prononcés, mais cela tient à ce que le général autrichien, malgré la grande supériorité numérique des troupes dont il disposait, ne se démentit jamais de son extrême prudence et de son habituelle circonspection. On ne saurait néanmoins en conclure que les efforts du grand Frédéric soient, en cela, restés complètement sans effet. C’est précisément la résistance que ces efforts provoquèrent de la part de Daun, sans cesse préoccupé des engagements défavorables auxquels cette prodigieuse activité l’exposait, qui neutralisa la force d’impulsion initiale de l’attaque. On trouvera la confirmation de ce que nous avançons ici dans l’étude de la campagne de 1760, en Silésie, où les Russes et les Autrichiens, paralysés par la crainte de se voir tout à coup attaqués et écrasés par le roi de Prusse, restèrent constamment stationnaires.

Nous croyons avoir ainsi fait parcourir au lecteur la