Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/348

Cette page a été validée par deux contributeurs.
342
la défensive.

dispositions de la défense, il n’ose affronter les combats qui lui sont offerts et sans l’issue favorable desquels il ne saurait atteindre son objectif, que l’attaquant, renonçant à ses projets, en arrive à limiter ainsi ses prétentions à l’obtention d’un succès exclusivement tactique sans portée consécutive probable.

Il suffit de se rappeler quel était le caractère de Daun et de se rendre compte de la situation dans laquelle il se trouvait, en 1758, pour comprendre que, sans sortir de sa nature, ce général ait pu risquer la surprise d’Hochkirch lorsqu’il n’avait uniquement en vue que les trophées de la journée, tandis qu’il n’eût certainement jamais osé engager la même action dans l’intention d’en poursuivre le résultat jusqu’à contraindre le grand Frédéric à abandonner Dresde et Neisse.

On voit ainsi que les corps et postes isolés de la défense se trouvent en bien plus grand danger d’être surpris et de tomber en des combats désavantageux lorsque l’attaquant ne vise uniquement que l’honneur du champ de bataille, que lorsqu’il subordonne ses combats à la condition d’en tirer des avantages consécutifs formels.

La distinction que nous signalons ici entre le but et la portée des combats a une extrême importance. Elle fait ressortir l’un des traits les plus caractéristiques d’une guerre exempte de recherche de grande solution. Dans la stratégie, un combat tire toute sa valeur de sa signification même, et, nous ne saurions trop le répéter, les résultats dérivent toujours des visées finales des deux adversaires. C’est là ce qui fait qu’il peut se présenter une différence telle entre une bataille et une autre, qu’il ne soit plus possible, au point de vue stratégique, de les considérer toutes deux comme le même instrument.

Bien que, remportée dans ces conditions par l’attaque,