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chap. xxviii. — défense d’un théâtre de guerre.

de sa propre action que de l’appui même du terrain dans la meilleure position défensive. Mais savoir ainsi reconnaître les puissances morales sera toujours le propre exclusif d’une rare et exceptionnelle entente de la conduite de la guerre, et, par suite, la théorie ne peut dire trop haut et trop souvent répéter qu’il y aurait folie à agir ainsi si l’on n’y était autorisé par les motifs les plus péremptoires et les suppositions les mieux fondées.

D. Lorsque l’énergie, l’ardeur, le courage et les dispositions morales des troupes de la défense les rendent particulièrement propres à l’offensive.

Malgré leur infériorité numérique, mais en raison de leur valeur, de leur discipline et de leur grande mobilité aussi bien que de la confiance qu’il avait su leur inspirer, les troupes du grand Frédéric constituaient, dans sa puissante main, un instrument plus apte encore à l’attaque qu’à la défense. Par contre, ces qualités manquaient absolument à ses adversaires, et, sous ce rapport, il avait sur eux une grande supériorité. Aussi le vit-on maintes fois négliger de se couvrir par des retranchements et se passer de l’appui du terrain. Mais on rencontre rarement des exemples d’une si grande supériorité morale, et, il ne faut pas s’y tromper, il ne suffit pas, pour la posséder, de disposer d’une armée exercée et habituée aux grands mouvements. Bien que Frédéric le Grand ait affirmé et que, depuis, on ait sans cesse répété que l’armée prussienne est spécialement propre à l’attaque, on ne doit pas ajouter une foi sans limite à cette assertion. Il est certain que, à la guerre, on se trouve généralement plus en confiance et plus ardent dans l’offensive, mais ce sentiment est commun à toutes les troupes, et il n’est peut-être pas un général qui ne l’attribue à l’armée qu’il commande. On