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chap. xxviii. — défense d’un théâtre de guerre.

mencé le passage de la Saale, et l’on dut combattre à Iéna et à Auerstaedt. Ces hésitations furent fatales à l’armée prussienne ; pour livrer une bataille avantageuse elle quitta trop tôt la position, tandis que, pour se jeter au-devant l’ennemi, elle se mit trop tard en mouvement.

Quoi qu’il en soit et malgré tout, la position a témoigné de la grande puissance stratégique qu’elle possédait en propre, car, grâce à elle, le duc de Brunswick n’a été vaincu à Auerstaedt qu’après avoir écrasé l’aile droite de Davout, et le prince de Hohenlohe, à Iéna, a pu échapper à un désastre complet par une sanglante retraite. Il faut reconnaître, cependant, qu’à Auerstaedt on n’osa pas poursuivre un succès qui devait immanquablement conduire à la victoire, tandis qu’à Iéna on poursuivit une victoire impossible. Bonaparte seul avait compris toute la valeur stratégique de la position sur la Saale ; aussi, n’osant passer outre, s’est-il décidé à effectuer le passage de ce cours d’eau sous les yeux mêmes de l’ennemi.

Nous croyons avoir ainsi suffisamment exposé les rapports de la défense avec l’attaque lorsqu’il y a recherche de solution, et avoir montré de quelle manière les différents éléments du plan de défense doivent se rattacher les uns aux autres selon que les situations l’exigent. Le général en chef doit, tout d’abord, se fixer une ligne de conduite. Il lui sera ensuite loisible d’y apporter les modifications de détail qu’exigeront les circonstances géographiques, statistiques et politiques, ainsi que les qualités physiques et morales des deux armées opposées. Formuler des règles plus précises à ce sujet ne saurait entrer dans nos vues car le champ des cas individuels n’a pas de limite.

Il ne nous reste donc plus qu’à passer en revue les motifs qui peuvent porter le défenseur à faire choix de