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la défensive.

leurs, l’attaque peut trop promptement atteindre son objectif pour que la défense lui oppose un procédé de résistance que l’on sait être tardif dans ses résultats.

Il en est autrement des trois premiers moyens. Chacun d’eux tend à un choc direct entre les centres de masse, et, par conséquent, à une solution immédiate.

Nous déclarons, cependant, que, sans rejeter complètement les deux premiers, nous donnons de beaucoup la préférence au troisième, et le tenons pour le vrai moyen de résistance dans la majorité des cas.

Par le premier procédé, en effet, en fractionnant ses forces on court toujours plus ou moins le risque de s’engager dans une guerre de postes, ce qui, contre un adversaire énergique, loin de conduire à une solution réelle, ne produira, dans les conditions les meilleures, qu’une résistance relative considérable. En partageant les forces, d’ailleurs, on amoindrit nécessairement la puissance du choc, et l’on doit, par suite, toujours redouter que, ainsi divisés, les corps qui les premiers aborderont l’ennemi ne subissent des pertes tout à fait disproportionnées. Enfin, engagés dans une lutte si inégale, ces corps se replieront généralement sur le gros des forces que l’on portera à leur secours, et celles-ci, au moment de produire leur effort, seront fâcheusement impressionnées par ce mouvement de retraite qui éveillera toujours dans leur esprit la pensée de dispositions manquées et la crainte d’une défaite.

Le second procédé exige une extrême rapidité. Il consiste à se concentrer tout d’abord, puis, de quelque côté que l’attaque ait infléchi sa direction, à la devancer et à prendre position devant elle. Il expose donc le défenseur à arriver trop tard et à se trouver paralysé entre deux mesures l’une et l’autre manquées. Une bataille défensive, d’ailleurs, demande du calme, de la réflexion et, non seulement la connaissance, mais l’habi-