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la défensive.

fois qu’ils offrirent la bataille, ne se sentant jamais suffisamment forts, ils se ravisèrent au dernier moment. Leurs convois et les renforts qu’ils attendaient avaient, d’ailleurs, été tout d’abord dirigés sur la route de Smolensk à Moscou, et, une fois l’armée parvenue à Smolensk, il ne pouvait venir à l’idée de personne d’abandonner cette direction. Il faut aussi reconnaître qu’une victoire remportée entre Smolensk et Kalouga n’eût pas compensé, aux yeux des Russes, le tort apparent de découvrir Moscou et d’exposer ainsi cette ville à tomber aux mains de l’envahisseur.

Avec plus de certitude encore que les Russes en 1812 pour Moscou, Bonaparte eût pu, en 1813, mettre Paris à l’abri de l’atteinte de l’ennemi, en prenant une position franchement latérale quelque part derrière le canal de Bourgogne, et en envoyant quelques milliers de ses hommes se joindre à la nombreuse garde nationale de la capitale. Il est hors de doute que, sachant Bonaparte avec 100 000 hommes à Auxerre, les Alliés ne se fussent jamais aventurés à diriger un corps de 50 à 60 000 hommes sur Paris. Mais il est certain aussi, en retournant les rôles, que jamais personne n’eût conseillé à une armée alliée, qui se serait trouvée dans la situation où se trouvait alors Bonaparte, d’abandonner et de découvrir le chemin de la capitale, alors que lui, Bonaparte, eût été l’adversaire. En effet, avec la supériorité qu’avaient alors les Alliés, si Bonaparte se fût trouvé dans leur situation, il n’eût pas hésité à se précipiter sur Paris. On voit donc que, dans des circonstances identiques, le résultat peut être tout autre en raison de la différence des valeurs morales.

Il va de soi que le défenseur ne peut ainsi prendre une position latérale qu’au cas où la capitale ou le point important qu’il s’agit par là de mettre hors de jeu possède assez de force de résistance propre, pour ne pas se