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chap. xxv. — retraite dans l’intérieur du pays.

l’attaque, cependant elles sont sensiblement plus lourdes pour la seconde, et cela par les raisons suivantes :

1o Dans la supposition habituelle, des deux armées opposées, celle de l’attaque a l’effectif le plus considérable.

2o La défense, cède continuellement et volontairement le terrain et acquiert, au prix de ce sacrifice, le droit de régler la marche, et de dicter ainsi sans cesse la loi à son adversaire. Elle arrête son plan à l’avance, et, dans la majorité des cas, rien n’en vient troubler l’exécution. L’attaque, au contraire, ne peut que subordonner son plan à celui de la défense, et ses efforts doivent tendre, sans cesse, à deviner les intentions de celle-ci. Il ne faut pas oublier, en effet, qu’il s’agit ici de la poursuite d’un adversaire qui se retire volontairement, qu’aucun insuccès n’a encore atteint, et qui n’a été battu dans aucune rencontre.

Ce privilège d’imposer la loi à l’attaque constitue, à la longue, un gain considérable de temps et de force au profit de la défense, et lui donne une quantité d’avantages secondaires, il est vrai, mais très marqués.

3o Enfin la défense, dans sa retraite volontaire et mesurée, prend d’avance toutes les dispositions nécessaires pour faciliter ses mouvements ; elle fait améliorer les routes qu’elle doit suivre et les ponts qu’elle doit traverser, elle recherche les meilleurs emplacements pour y camper ses troupes, etc., etc. Mais, de même qu’elle arrange tout pour son usage, elle détruit tout en passant. Elle fait sauter les ponts et défonce les routes, et, conservant les bons emplacements de camp et les eaux les meilleures, par ce seul fait elle en prive son adversaire.

Il nous faut encore citer le soulèvement des populations comme une des circonstances qui favorisent le