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chap. xxv. — retraite dans l’intérieur du pays.

retraite. Il arrive fréquemment alors, en effet, que, n’ayant déjà plus assez de force d’impulsion pour poursuivre la victoire et en tirer parti, il se trouve, en outre, hors d’état de remplacer les pertes que cette victoire lui a coûtées.

Il y a donc une différence extrême entre les résultats, selon que la solution intervient au début ou à la fin de la marche envahissante de l’attaque.

Deux contre-poids balancent cependant les grands avantages de ce procédé défensif. Ce sont, d’une part, les pertes matérielles considérables qui résultent pour le pays de la marche en avant de l’ennemi, et, de l’autre, l’impression morale que cette marche peut produire.

Garantir le pays de toute perte matérielle ne saurait assurément jamais être l’objectif immédiat de la défense. Le but absolu de son action est de produire la nécessité d’une paix qui lui soit avantageuse. Tous les efforts doivent tendre à rendre ce résultat aussi certain que possible, et l’on ne doit reculer, pour y arriver, devant aucun sacrifice momentané, quelque grand qu’il puisse être. Il ne faut pas se le dissimuler, cependant, ces pertes matérielles, lors même qu’elles ne sont pas définitives, ne restent pas sans influence sur l’ensemble des intérêts généraux de la défense ; au contraire de ce que produit la retraite sur le moral des troupes, elles n’agissent pas, il est vrai, immédiatement sur l’armée, mais, par certains détours, elles finissent par lui être sensibles.

Il est difficile de comparer entre eux ces avantages et ces inconvénients ; ce sont des sujets d’espèce différente qui n’ont pas de point commun d’action, et nous nous bornerons à formuler ici cette vérité : que les pertes matérielles sont naturellement plus grandes quand on est obligé de sacrifier des provinces produc-