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chap. xxiv. — actions sur les flancs.

Dans le premier, en effet, par le fait même que nous tournons l’ennemi avec la totalité de nos forces, nous exposons nécessairement notre propre ligne de retraite. Tout repose donc ici, ainsi que cela a lieu en cas analogue pour les lignes de communications, sur le rapport qui existe entre les lignes de retraite réciproques. Il est certain que, dans son propre pays, le défenseur jouit à ce sujet d’une plus grande liberté que l’attaquant, et que, par suite, il est plus en situation de recourir à des mouvements stratégiques tournants. Néanmoins cet avantage général est trop peu prononcé pour servir de base à une méthode pratique, et l’on ne doit, en somme, prendre avis que de la réunion des circonstances spéciales qui accompagnent chaque cas particulier. On peut dire, cependant, que les conditions se rencontrent naturellement plus favorables sur les territoires étendus que sur les territoires restreints, de même que lorsque le territoire envahi étant celui d’un État indépendant, l’armée de la défense est assez forte pour se passer de secours étrangers et n’est pas sans cesse gênée dans ses mouvements par la préoccupation de sa jonction avec ses alliés. Enfin, c’est vers la fin d’une campagne et lorsque la force d’impulsion de l’attaque est à peu près épuisée, que se présentent les conditions de beaucoup les plus favorables à la défense. On voit que c’est encore ici à peu près comme pour les lignes de communications.

Une position de flanc telle que celle que prirent si avantageusement les Russes en 1812 sur la route de Moscou à Kalouga, quand la force d’impulsion de Bonaparte fut épuisée, leur aurait été très préjudiciable au camp de Drissa, au début de la campagne, et ils firent prudemment d’abandonner ce plan avant qu’il leur devînt fatal.

Dans le second cas, lorsque l’on partage ses forces