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chap. xxiv. — actions sur les flancs.

les flancs de l’ennemi. Passons maintenant au développement de la seconde de ces conditions.

Il faut ici que l’armée ennemie soit arrivée au bout extrême de sa carrière, c’est-à-dire soit empêchée, par un motif quelconque autre que la résistance même qu’on lui oppose par les armes, de pénétrer plus avant dans le pays. En pareille occurrence la défense n’a plus à craindre d’affaiblir son front en détachant de nombreux corps sur les flancs stratégiques et les derrières de l’attaque, car, si celle-ci cherchait à en profiter pour tenter une action directe en avant, la première n’aurait qu’à reculer suffisamment pour éviter le combat. C’est précisément ce que fit l’armée russe près de Moscou en 1812, mais il n’est nullement nécessaire, pour que le procédé soit applicable, que les dimensions du théâtre de guerre et les rapports des forces opposées soient aussi considérables qu’ils le furent alors. Dans les premières guerres de Silésie, chaque fois qu’il arriva aux frontières de cette province ou à celles de Bohème, le grand Frédéric se trouva dans cette situation, et, dans les rapports complexes qui se présentent entre les belligérants, on peut concevoir quantité de raisons différentes, et particulièrement de motifs politiques, qui fixent un point extrême de pénétration à une armée envahissante.

Comme, en pareil cas, les forces destinées à agir sur les flancs de l’attaque peuvent être plus considérables, il importe moins à la défense que les autres conditions lui soient aussi favorables et qu’elle ait le meilleur système de communications. L’ennemi, en effet, n’ayant désormais aucun avantage à tirer d’un mouvement de retraite de la défense, est bien plus porté à protéger directement ses communications si sérieusement menacées, qu’à user de représailles contre celles de son adversaire.