Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE XXIII.

clef de pays.


De toutes les questions d’art militaire, c’est celle des clefs de pays qui joue le plus grand rôle dans les livres. C’est le cheval de parade de toutes les descriptions de batailles et de campagnes, c’est le point de départ habituel de tous les raisonnements et l’un des sujets scientifiques auxquels la critique consacre toute son érudition. L’idée qu’on y doit attacher n’a cependant jamais été ni fixée ni clairement énoncée. Nous allons donc essayer de la développer ici, afin d’en préciser la valeur réelle dans la pratique.

Nous ne pouvions le faire plus tôt. Il nous fallait, au préalable, avoir traité des positions fortes et retranchées ainsi que de la défense des montagnes et des cours d’eau, questions auxquelles ce nouveau sujet se rattache.

L’idée confuse qui se cache sous cette métaphore militaire surannée a été appliquée tantôt à la position la plus forte d’une contrée, tantôt à sa partie la plus ouverte.

S’il se rencontre une contrée sans la possession préalable de laquelle il soit absolument aventureux de s’avancer en pays ennemi, cette contrée peut à bon droit passer pour la clef du pays. Mais cette définition, aussi