Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.
219
chap. xx. — inondations, marais.

derrière le Vechte, elle s’étend depuis Naarden sur le Zuydersée, jusqu’à Goroum sur le Waal, c’est-à-dire jusqu’au Biesbosch.

Dans chacune des campagnes de 1672 et de 1787, on ne consacra que de 25 000 à 30 000 hommes à la défense de cette ligne. Or elle couvre la province de Hollande. Dans l’un et dans l’autre cas, avec des forces si limitées, compter sur une résistance invincible était se promettre un résultat considérable. Dans le fait, en 1672, la ligne résista à des forces réellement très supérieures commandées par Condé d’abord, puis par Luxembourg. Ces deux grands généraux eussent pu l’attaquer avec 40 000 ou 50 000 hommes. Mais les Français, attendant l’aide que leur devait apporter l’hiver qui ne fut pas assez rigoureux, n’entreprirent alors rien de sérieux.

Par contre, la résistance de cette première ligne fut absolument nulle en 1787. Une ligne beaucoup plus courte, celle qui s’étend du Zuyderzée au lac de Harlem, parut d’abord devoir mieux tenir. Elle fut cependant forcée en un seul jour par le simple effet d’une disposition tactique ingénieuse du duc de Brunswick. Les troupes prussiennes attaquantes ne présentèrent néanmoins, dans cette circonstance, que peu ou point de supériorité numérique.

C’est à la différence du commandement supérieur qu’il convient d’attribuer la différence des résultats obtenus dans ces deux défenses.

En 1672 les Hollandais furent surpris par Louis XIV en pleine organisation de paix. On sait que l’esprit militaire ne régnait guère alors dans leur conseil, et que la question défensive avait été fort négligée dans leur organisation. Il en résulta que l’invasion trouva la plupart des places fortes mal ou insuffisamment approvisionnées, occupées par de faibles garnisons de