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chap. xvii. — défense des montagnes.

trer en forces supérieures sur les derrières de la défense, s’étendre ensuite, et rompre enfin la ligne devenue relativement si faible des postes du défenseur, qui n’a plus, dès lors, d’autre point d’appui que le lit pierreux d’un torrent. À partir de ce moment la retraite, qui ne peut se produire qu’isolément pour chacun des détachements de la défense tant qu’ils se trouvent dans la vallée et n’ont pas encore atteint la plaine, devient impossible pour un grand nombre d’entre eux. C’est ainsi qu’en Suisse, par exemple, les Autrichiens laissèrent presque constamment le tiers ou la moitié de leurs troupes entre les mains de l’ennemi.

Nous avons encore quelques mots à ajouter sur le fractionnement qu’il convient de donner aux troupes dans un pareil mode de défense.

La défense a naturellement choisi, pour s’y établir, une ligne qui fait face au point le plus abordable de la vallée. Le gros de l’armée a pris position vers le centre de la ligne. De cette position centrale on détache, à droite et à gauche, des corps qui ont pour mission d’occuper les débouchés les plus importants. Les dispositions de la défense présentent donc une série de trois, quatre, cinq ou six postes, et parfois plus, situés à peu près sur une même ligne. Cette formation défensive peut et doit être plus ou moins étendue, suivant les circonstances particulières de la situation. Un développement de une à deux journées de marche, soit de 6 à 8 milles (48 à 60 kilomètres), constitue une très bonne moyenne ; mais on a souvent vu ce développement s’étendre jusqu’à 20 et même 30 milles (150 et 220 kilomètres).

Il se rencontre fréquemment, entre ces grands postes situés à une ou deux heures de distance les uns des autres, des points de passage moins importants, à proximité desquels on trouve toujours facilement des positions

ii. 12