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la défensive.

cc) Enfin on peut encore occuper une position forte avec le gros de l’armée lorsque l’on est certain d’être secouru. C’est ainsi qu’agirent les Saxons en 1756 à Pirna. C’est encore ce qui arriva en 1757 après la bataille de Prague, car dans cette circonstance Prague n’était à vrai dire qu’un camp retranché dans lequel le prince Charles ne se serait pas laissé investir s’il n’eût su que l’armée de Moravie pouvait le délivrer.

Il faut que l’une au moins de ces trois conditions se présente pour justifier le choix d’une position forte défendue par le gros de l’armée, et encore ne faut-il pas s’y tromper, les deux dernières peuvent parfois exposer le défenseur à de grands dangers.

Par contre, dès qu’il n’est question que d’un corps de troupes détaché qui peut toujours à la rigueur être sacrifié à l’intérêt général de la défense, ces trois conditions disparaissent, et il n’y a plus qu’à mûrement peser si en faisant un pareil sacrifice on évitera réellement un mal plus grand. Ce cas ne se présentera que rarement ; il faut cependant le prendre en considération. Le camp retranché de Pirna a certainement empêché Frédéric le Grand d’attaquer la Bohême dès 1756. Surpris par la promptitude des événements, les Autrichiens étaient si loin d’être prêts qu’il semble que leur monarchie eût inévitablement succombé, et il est pour le moins probable qu’ils eussent éprouvé une perte en hommes de beaucoup supérieure à celle des dix-sept mille alliés qui capitulèrent dans le camp de Pirna.

c) Nous avons vu que si l’attaquant ne se sent pas en situation de négliger la position en la faisant observer par de petits corps de troupes ou de l’investir sur tout son pourtour, cela tenait, dans le premier cas, à ce qu’il redoute l’action stratégique que les troupes de la position exerceraient sur ses flancs, et, dans le second,