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chap. xi. — places fortes.

pondre. On se demandera donc, sans doute, s’il ne conviendrait pas, au lieu de Nuremberg, de choisir un autre point moins important à la vérité, mais plus rapproché de Munich ?

Pour trouver la solution dans des cas de cette nature, il faut se reporter à ce que nous dirons du choix du point d’attaque dans le chapitre qui traitera du plan général de défense, à savoir que c’est là où se présente le point d’attaque le plus naturel que la défense doit prendre ses plus fortes dispositions.

Il suit de là que, de toutes les grandes routes qui conduisent du pays d’où part l’invasion dans celui qu’il faut mettre à l’abri de cette invasion, c’est celle qui mène directement au cœur de l’État, ou qui, soit en raison de la richesse des provinces qu’elle traverse, soit à cause de la proximité d’un fleuve navigable, soit par d’autres motifs analogues, faciliterait le plus la marche de l’ennemi, qu’il convient de couvrir par des places fortes. On sera alors certain que l’invasion se présentera sous l’une des deux formes suivantes : l’ennemi marchera directement sur ces places, ou, s’il cherche à les éviter, il offrira à la défense l’occasion la plus favorable d’agir sur ses flancs.

Vienne est le cœur de l’Allemagne du Sud, et par conséquent Munich et Augsbourg auraient une action bien plus étendue, comme places fortes, que Nuremberg et Wurtzbourg au point de vue d’une invasion française, en supposant la neutralité de la Suisse et de l’Italie. L’importance de ces deux places devient encore plus sensible si l’on tient compte, tout à la fois, des routes qui viennent de la Suisse par le Tyrol et de l’Italie, car, dans le cas d’une invasion qui suivrait ces routes, Munich et Augsbourg conserveraient encore une certaine action, tandis que Wurtzbourg et Nuremberg n’en auraient pour ainsi dire plus aucune.